mardi 25 janvier 2011

Polytechnique- un film à voir?

Non.
 La création de ce film me laisse perplexe, autant pour son contenu que pour son contenant.
 Oui, les évènements de la Polytechnique ont marqués le Québec au fer rouge mais que nous apporte le film de Denis Villeneuve?
  Ce n'est pas un documentaire mais une oeuvre de fiction puisque le personnage incarnée par Karine Vanasse n'existe pas, historiquement. Elle est, de l'avis même des réalisateurs, "une fusion de plusieurs personnes- un hybride". Les conversations sont inventées de toutes pièces`et la plupart des scènes aussi. Donc, ce film ne recèle aucune valeur historique ou documentaire car nous n'avons aucun moyen de savoir où commence le fait réel et où la créativité lui succède.
   D'autre part, ce film est d'une lenteur insipide. Pour le dire simplement: il ne s'y passe rien. La seule scène d'action du film- la tuerie à proprement parler- à été traitée avec une pudeur fort compréhensible et bien qu'il soit louable que la réalisation se soit tenue loin de scènes de gros ketchup hollywoodien avec de la cervelle partout, cette pudeur quasi Victorienne édente le seul moment fort du film,  l'atrophiant de son potentiel dramatique. Qu'on ait décidé de tourner en noir et blanc, par sobriété, n'aide en rien   l'oeuvre dans son ensemble.
  Si au moins on nous avait ouvert une fenêtre sur la psychologie de cet être étrange et méconnu qu'était Marc Lépine- mais non. Le personnage demeure plus souvent qu'autrement silencieux, sombre. On ne comprends rien de ses motivations, du cheminement de sa psychose- on préfère nous le montrer faire la vaisselle, s'excuser à sa mère. Hormis pour (ce qu'on croit être-encore une fois, aucun moyen de savoir) un extrait des notes de lui qu'on aura retrouvées où il révèle son dédain pour certains mythes féministes, le spectateur quitte ce film avec autant, sinon plus, de points d'interrogation au sujet de Marc Lépine qu'avant le visionnement.
 Personnages inventés, valeur documentaire incertaine, lenteur, moments forts tamisés, description psychologique inexistante du personnage central: on se demande bien qu'elle était le but recherché par l'équipe en faisant ce film.
   Pour avoir sondé mon entourage (amis, famille, collègues) et leur avoir posé la question: allez-vous voir ce film? une seule personne a répondu par l'affirmative et encore, seulement parcequ'il connaissait personnellement l'équipe technique et voulait pouvoir offrir à ses amis un avis honnête sur leur travail. Personne d'autre n'avait le moindre intérêt pour ce film. Les rares à avoir payé leur ticket (flop monumental en salle) quittaient souvent avant la fin ou s'endormaient, tout simplement!
  La question se pose donc: pourquoi avoir fait un film ennuyant, inexact, superficiel et voué à l'échec commercial?
  La réponse, on s'en doute, réside dans le traitement médiatique du sujet et non du film à proprement parler.
  Grâce à lui, le moulin à propagande féministe pouvait se remettre en marche. Les média possédaient l'excuse parfaite pour nous assommer de nouveau avec "la guerre contre les femmes", "la violence contre les femmes"; pointer d'un doigt accusateur l'antiféminisme et nous associer à Marc Lépine même si, dans son ensemble quasi total, les masculistes ne pronent ni la violence (et encore moins le meurtre!) ni la discrimination.
  A mon sens, ce film ne recèle qu'une seule valeur: celle de démontrer à quel point nos média de masse, Radio-Canada bon premier, sont complices de l'agenda féministe et de la perpétration des mythes qui le définissent.

3 commentaires:

  1. Si je comprends bien, j'ai bien fait de ne pas aller voir Polytechnique, pourtant relativement encensé par le critique. Le jour où un film tentant d'analyser honnêtement, documents et témoignages à l'appui, les motivations du tueur sera tourné, là seulement je ferai l'effort de le voir, et encore, à sa sortie en DVD !

    Je crois pour ma part que Marc Lépine a transféré sur les féministes ses relations conflictuelles avec sa mère, désengagée, et sa soeur, qui ne cessait de le harceler. À cette violence psychologique, s'ajoutait celle, très physique d'un père tyrannique, dont la mère, en apparence du moins, faisait peu de cas. Plus d'un jeune homme aux prises avec un contexte familial aussi calamiteux aurait pété les plombs, sans pour autant se rendre aux extrémités de Lépine.

    Pour avoir travaillé pendant trois ans auprès de patients psychiatrisés incluant autistes, schizophrènes, suicidaires, personnes en sevrage, paranoïaques et même meurtriers, je crois qu'une part du problème de Lépine relève de l'une, l'autre ou de plusieurs de ces pathologies. Tant qu'on ne cherchera pas plus sérieusement à les décoder, on s'expose à ce que pareil drame puisse à nouveau survenir. Rappelons-nous de Kimveer Gill et de Dawson.

    Le rapport Rondeau ayant été tabletté par l'entremise de la FFQ et de 15 autres instances féministes, la lumière sur la cause de tels crimes et leur prévention sera pour plus tard. Entre-temps, des meurtres moins sordides, pourtant évitables, continueront de gonfler les statistiques dont de drôles de dames se serviront pour demander des augmentations budgétaires. L'aide directe à des hommes en détresse ? Pas pour demain.

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  2. Oui, vous avez bien fait Olivier.
    Nous partageons, encore une fois, le même point de vue. Le seul film qui en aurait valu la peine est un documentaire strict et complet dépeignant les évènements et les acteurs sur la foi de moults témoignages- ambulanciers,rescapés, policiers, parents, amis, profs, ces hommes qui ont recus l'ordre du Canada pour leur bravoure ce jour fatidique, donner le pouls des réactions populaires dans les jours qui suivirent, etc...- quitte à y inclure quelques "steaks": des gens qui n'ont rien à voir avec l'histoire mais qui, par leurs vertus professionnelles, peuvent offrir une analyse et nous faire part de leurs 'opinions'.
    Ce film là aurait recelé une valeur intrésèque. Même le plus méconnaissant nouvel immigrant aurait été à même de bien saisir la profondeur de la blessure québecoise, de l'horreur de cette journée et de l'impact qu'elle à eue sur nous tous.
    L'insipide brouet semi-fictif qu'à produit Denis Villeneuve n'est pas à la hauteur des besoins de la mémoire collective, de l'Histoire et de notre besoin de comprendre, dans la mesure ou c'est possible.
    Un autre film de lui est maintenant à l'affiche: Incendies. Si il me ressort encore de la propagande féministe sous forme d'art, je le met à l'index et passe à un autre appel.

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  3. Si je comprends bien vos deux commentaires, Ce film est à l'image d'une grande partie des hommes féminisés du Québec : Il bande mou, il pisse assis.

    J'ai l'intuition que nos intellectuelles féministes cherchent à nous distraire d'une réalité qui leur colle à la peau depuis des siècles et qu'"Aurore l'enfant martyre" dépeint.

    Les petits garçons y goûtent tous les jours avec les monos, les reconstituées, les couples à deux femmes, alouette.

    Cela me fait penser à l'enfance du Docteur Turcotte, côté escamotté totalement durant le procès. Et rien n'est dit non plus sur les qualités maternelles présumées de Mme Docteur? Le non-dit est trop présent, partout.

    Jean-François Belliard
    jfbelliard@videotron.ca

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